Composteur jardin : comment bien le choisir, où l’installer et quoi y mettre

Un composteur dans le jardin, c’est un peu comme une petite fabrique de terre magique : on y glisse ses épluchures, quelques feuilles mortes, et quelques mois plus tard… un or noir pour le potager, les massifs et même les plantes d’intérieur. Mais entre les différents modèles, l’emplacement idéal et la fameuse question « On met quoi exactement dedans ? », on peut vite se sentir un peu perdu.

Dans cet article, on va voir ensemble comment bien choisir son composteur, où l’installer dans le jardin (ou sur la terrasse), et comment l’utiliser sans odeurs, sans moucherons, et sans se prendre la tête.

Pourquoi installer un composteur au jardin ?

Avant de parler modèles et emplacements, un rappel rapide de ce que le compost va changer dans votre quotidien.

Les bénéfices sont multiples :

  • Moins de déchets ménagers : jusqu’à 30 % de votre poubelle peut partir au compost au lieu d’aller à l’incinérateur.
  • Un sol plus vivant : le compost améliore la structure du sol, nourrit les micro-organismes, retient mieux l’eau et les nutriments.
  • Moins d’engrais chimiques : votre compost devient votre principal fertilisant, naturel et gratuit.
  • Un jardin plus autonome : feuilles mortes, tontes de gazon, tailles légères… tout ou presque peut être valorisé.

Et bonus déco : un beau composteur en bois bien intégré peut devenir un élément à part entière de l’aménagement du jardin, plutôt qu’un simple « bac à déchets » qu’on cache au fond.

Les principaux types de composteurs de jardin

Il existe plusieurs familles de composteurs. Le bon choix dépendra de la taille de votre extérieur, de votre rythme de vie… et de vos envies esthétiques.

Le composteur en bois

C’est le chouchou des jardins naturels et des ambiances un peu bohèmes.

  • Avantages : respirant, esthétique, se fond bien dans le décor, facilement réparable ou modulable.
  • Inconvénients : doit être un minimum protégé de l’humidité, peut se dégrader avec le temps, surtout si le bois n’est pas traité autoclave ou si les parties en contact direct avec le sol ne sont pas surélevées.
  • Pour qui ? Pour celles et ceux qui cherchent un rendu visuel chaleureux et qui ont un jardin plutôt naturel.

Le composteur en plastique (ou résine)

On le trouve beaucoup en grande surface de bricolage et en mairie (certains sont distribués gratuitement ou subventionnés).

  • Avantages : léger, souvent peu coûteux, résistant aux intempéries, se ferme bien (pratique en cas de visite de petits rongeurs).
  • Inconvénients : esthétique parfois discutable, moins respirant que le bois, risque de surchauffe au soleil en été.
  • Pour qui ? Pour les petits jardins ou les personnes qui veulent quelque chose de pratique, sans se poser trop de questions.

Le composteur rotatif

Il se présente généralement sous forme de tambour monté sur un support, que l’on fait tourner pour brasser le compost.

  • Avantages : brassage ultra facile, compostage plus rapide, peu de contact avec le sol donc moins de risque d’animaux indésirables.
  • Inconvénients : capacité souvent limitée, prix plus élevé, moins adapté aux grandes quantités de déchets de jardin.
  • Pour qui ? Pour les petits espaces, les terrasses ou les jardiniers pressés qui veulent un compost rapide et propre.

Le lombricomposteur

Plutôt réservé aux balcons, terrasses ou même à l’intérieur, le lombricomposteur fonctionne avec des vers (Eisenia) qui se régalent de vos déchets organiques.

  • Avantages : idéal pour les personnes sans jardin, produit un compost très riche + un « thé de compost » liquide.
  • Inconvénients : sensible aux grosses chaleurs et au gel, demande un peu de suivi au début, inadapté aux gros volumes de déchets de jardin.
  • Pour qui ? Pour les urbains, les balcons, et les amateurs de plantes d’intérieur.

Le simple tas de compost

Oui, la version « sans composteur » existe, et fonctionne très bien dans un grand jardin peu exposé au regard.

  • Avantages : zéro budget, très facile pour les gros volumes (feuilles, tailles, tonte).
  • Inconvénients : peu esthétique, plus exposé aux animaux, décomposition parfois moins homogène.
  • Pour qui ? Pour les grands jardins à l’esprit champêtre, où on peut laisser un coin un peu sauvage.

Comment bien choisir son composteur ?

Maintenant que vous avez une idée des modèles, voyons les critères essentiels pour faire votre choix.

La capacité : adapter à votre foyer et à votre jardin

Un composteur trop petit déborde, un composteur trop grand peut être difficile à remplir et à entretenir.

  • Pour un foyer de 1 à 2 personnes avec un petit jardin : 300 à 400 L peuvent suffire.
  • Pour une famille de 3 à 4 personnes avec un jardin de taille moyenne : 400 à 600 L.
  • Pour un grand jardin avec beaucoup de déchets verts : envisagez plusieurs bacs ou un système à deux compartiments (un qui mûrit, un qui se remplit).

Astuce pratique : si vous hésitez, mieux vaut prévoir un peu plus grand ou deux bacs moyens, plutôt qu’un seul tout petit.

L’esthétique : le composteur comme élément déco

Sur un petit terrain ou un jardin très soigné, le composteur ne passera pas inaperçu. Autant l’assumer.

  • Style naturel : bois brut, palettes recyclées, bacs en planches.
  • Style contemporain : modèles en métal laqué ou résine design, parfois colorés.
  • Jardin champêtre : tas de compost structuré avec des rondins, des branches, ou un cloisonnement rustique.

Vous pouvez aussi végétaliser les abords du composteur : une petite haie de lavandes, de romarins ou de graminées permet de le fondre dans le décor tout en attirant les insectes utiles.

La praticité au quotidien

On ne le répétera jamais assez : si votre composteur est galère à utiliser, vous finirez par le délaisser.

  • Vérifiez l’accès : une trappe en bas pour récupérer le compost mûr, un couvercle facile à soulever.
  • Facilité de brassage : ouverture assez large pour passer une fourche ou un aérateur de compost.
  • Montage : certains modèles nécessitent un vrai après-midi de bricolage, d’autres se clipsent en 10 minutes.

Le budget et les alternatives DIY

Les prix peuvent aller de quelques dizaines d’euros à plus de 200 € pour certains modèles rotatifs ou très design. Si le budget est serré, pensez :

  • Aux composteurs subventionnés ou offerts par les collectivités.
  • Aux modèles d’occasion (souvent en très bon état).
  • Au DIY avec des palettes, des planches de récupération ou du grillage rigide.

Un composteur maison bien pensé fonctionne tout aussi bien qu’un modèle du commerce, à condition de respecter les bases : aération, accès au sol, protection minimale contre la pluie.

Où installer son composteur dans le jardin ?

L’emplacement est presque aussi important que le modèle. Un compost bien placé sera plus efficace, plus agréable à utiliser, et moins sujet aux odeurs.

À mi-ombre, de préférence

Le compost adore une ambiance tempérée :

  • Évitez le plein soleil, surtout pour les composteurs en plastique foncé : le contenu peut sécher trop vite.
  • Évitez l’ombre froide et permanente : la décomposition sera ralentie.
  • Idéal : un coin à mi-ombre, au pied d’un arbuste ou d’une haie, avec un peu de lumière mais pas toute la journée.

Directement sur la terre

Un composteur doit être posé au contact du sol, sauf cas particuliers (rotatif, lombricomposteur) :

  • Les micro-organismes et les vers de terre pourront monter dans le compost.
  • L’excès d’eau pourra s’évacuer naturellement.

Évitez donc absolument les dalles béton ou les terrasses, sauf pour les systèmes prévus pour ça.

Près de la maison… mais pas sous la fenêtre de la cuisine

Vous allez faire des allers-retours réguliers entre la cuisine et le composteur, surtout si vous cuisinez souvent des produits frais.

  • Distance idéale : suffisamment près pour ne pas être une corvée (10–20 mètres), mais pas collé aux zones de repas extérieures.
  • Attention au voisinage : évitez de le placer juste derrière le grillage, collé à la terrasse du voisin.

Un petit chemin en pas japonais, quelques bordures, et voilà une liaison pratique et esthétique entre la maison et votre « fabrique à humus ».

Que mettre (et ne pas mettre) dans son composteur ?

C’est la question qui revient le plus souvent, et c’est normal : un bon tri fait un bon compost.

Les déchets verts (riches en azote)

Ils sont humides, se décomposent vite et nourrissent les micro-organismes.

  • Épluchures de fruits et légumes (sauf trop d’agrumes en une seule fois).
  • Marcs de café, filtres en papier, sachets de thé sans agrafes.
  • Tontes de gazon (en fines couches, surtout pas en gros tas compact).
  • Fleurs fanées, restes de plantes vertes non malades.
  • Coquilles d’œufs écrasées (se décomposent lentement mais améliorent la structure).

Les déchets bruns (riches en carbone)

Ils sont secs, fibreux, et essentiels pour éviter la bouillie compacte et malodorante.

  • Feuilles mortes.
  • Petites branches broyées, brindilles, copeaux.
  • Carton brun non imprimé (en petits morceaux), rouleaux de papier toilette, boîtes d’œufs.
  • Essuie-tout et mouchoirs en papier non gras.
  • Paille, foin sec.

La règle d’or : équilibrer environ 50/50 verts et bruns. Si votre compost est trop mouillé et compact, ajoutez du brun. S’il est trop sec et ne se décompose pas, ajoutez du vert… et éventuellement un peu d’eau.

Ce qu’il vaut mieux éviter

Pour un compost de jardin domestique simple, on évite en général :

  • Les restes de viande, poisson, os (odeurs, animaux indésirables).
  • Les produits laitiers (même raison).
  • Les grosses quantités d’agrumes (acidifiant, long à se décomposer).
  • Les huiles et graisses de cuisson.
  • Les plantes malades ou très envahissantes (liseron, chiendent, graines de mauvaises herbes déjà montées à graine).
  • Les litières d’animaux non compostables ou souillées de produits chimiques.

En cas de doute, posez-vous la question : « Est-ce que ça risque d’attirer les animaux, de puer, ou d’apporter des maladies ? » Si oui, direction poubelle ou autre filière.

Entretenir son compost : quelques gestes simples

Un composteur n’est pas très exigeant, mais il y a quelques habitudes à prendre pour qu’il reste efficace et agréable.

Brasser régulièrement

L’oxygène est indispensable aux micro-organismes qui transforment vos déchets en compost. Sans lui, bonjour les mauvaises odeurs.

  • Brassez ou retournez votre compost tous les 15 jours à 1 mois (plus souvent au début).
  • Utilisez une fourche, un aérateur en tire-bouchon, ou un simple manche à balai robuste.

Surveiller l’humidité

Un compost idéal est humide comme une éponge bien essorée :

  • Trop sec : ajoutez des déchets verts, un peu d’eau, et mélangez.
  • Trop mouillé : ajoutez des déchets bruns (carton, feuilles mortes, broyat), et aérez.

Un couvercle bien ajusté et un emplacement à mi-ombre aident beaucoup à stabiliser tout ça.

Patience : le temps de maturation

Selon la saison, la taille de vos déchets et la fréquence des brassages, il faut en moyenne 6 à 12 mois pour obtenir un compost mûr, sombre, friable, qui sent la forêt après la pluie.

Astuce : si vous avez la place, un système à deux bacs est très confortable. On remplit le premier pendant que le second mûrit tranquillement, puis on inverse.

Utiliser le compost au jardin et à la maison

Une fois votre compost prêt, reste à en profiter dans tout le jardin… et même dedans.

Au potager

  • Incorporez une couche de compost en surface au printemps ou à l’automne, sans forcément bêcher profondément.
  • Utilisez-le en paillage autour des légumes gourmands (tomates, courges, choux).

Au pied des arbustes et des massifs fleuris

  • Étalez 2 à 3 cm de compost au pied des rosiers, hortensias, arbustes à floraison.
  • Mélangez un peu de compost à la terre de plantation pour les nouvelles vivaces.

Pour les plantes en pot et d’intérieur

  • Mélangez jusqu’à 1/3 de compost mûr avec un terreau de bonne qualité.
  • En surfaçage : retirez 2 cm de terre en surface du pot, remplacez par du compost, arrosez.

Évitez d’utiliser du compost encore très fibreux, avec des éléments reconnaissables, pour les plantes en pot : réservez-le plutôt au jardin, où il continuera de se décomposer sans problème.

Installer un composteur, ce n’est pas seulement « faire un geste pour la planète ». C’est aussi créer un cycle vertueux dans votre jardin : la cuisine nourrit le compost, le compost nourrit la terre, la terre nourrit vos plantes… et vous, à votre tour. Une belle boucle, non ?